Présentation de La Quadrature du CERN - suite
- CH CH-002049-8 091_LH-S04-SS04-C0302
- Pièce
- 1985
Fait partie de Lucile Hanouz
Présentation de La Quadrature du CERN, le 2 mai 1985, Pierre Lehmann, Jacques Grinevald, Lucile Hanouz, à l'invitation de l'association Femmes, féminisme et recherche.
00:00 Pierre Lehmann (en réponse à une question sur la bande précédente). Les rapports de pouvoir m'ont toujours parus faux et c'est en partie la raison pour laquelle j'ai quitté le milieu de la physique nucléaire. Je trouvais injuste d'avoir, du fait de mes connaissances, une position supérieure. Les rapports de pouvoir sont tout puissants et dominent toute la vie.
02:23 Jacques Grinevald poursuit la réponse. Les grandes innovations scientifiques sont le fait de marginaux dans la discipline des avancées qu'ils ont produites.
04:29 Intervention du public. Le groupe qui a invité les orateurs parle volontiers des savoirs et des savoirs-faire. L'accumulation des savoirs n'est possible que grâce à l'existence des savoirs-faire féminins qui ont permis le développement des savoirs. La division sexuelle du travail a coïncidé avec une désappropriation des savoirs des femmes.
09:05 Jacques Grinevald réfléchit de plus en plus aux liens entre science et guerre. L'armée est l'institution patriarcale par excellence.
11:51 Question de la salle: votre critique de la science remet en cause la notion de progrès. Est-ce que vous écririez le même livre au sujet d'un laboratoire de biologie médicale ou d'une autre recherche que la physique nucléaire?
12:35 Pierre Lehmann: On prétend que mettre en avant des valeur qui avaient cours dans le passé, c'est un retour en arrière. C'est ridicule. Les attitudes de vie des gens du passé étaient beaucoup plus correctes et fines qu'aujourd'hui notamment en ce qui concerne la capacité à vivre en régime stationnaire avec un environnement naturel. Revenir vers ces valeurs, c'est un retour en avant et pas un retour en arrière. Le progrès tel qu'on le conçoit aujourd'hui c'est la capacité de dominer. On comprend très mal la nature.
15:17 Jacques Grinevald conteste qu'on comprenne très mal la nature.
15:25 Pierre Lehmann précise sa position.
17:20 Intervention du public. La science peut aussi proposer une connaissance positive.
17:46 Pierre Lehmann: la priorité a été donnée à une seule forme de compréhension. Il faut mettre cette manière de comprendre en perspective.
18:02 Martine Chaponnière: Le terme d'indisciplinarité lui plaît beaucoup. Les séparations disciplinaires empêchent la compréhension de la nature. Le cours d'écologie humaine donné pour la première fois à l'Université de Genève. Les étudiants s'interrogent sur l'appartenance disciplinaire de ce cours. Les femmes sont-elles plus proches de la nature? C'est un débat que pourrait mener l'association. Cette question peut rapidement mener à la naturalisation de la domination masculine.
19:58 Lucile Hanouz appuie les propos de Martine Chaponnière.
21:29 Pierre Lehmann précise sa pensée sur le «bon sens». Il préfère à cette expression celle anglo-saxone de common sens. Une discussion s'engage à ce sujet.
23:40 Jacques Grinevald critique la métaphore du vaisseau spatial Terre. Un vaisseau spatial est une chose fabriquée dont on comprend l'ensemble des éléments. Il n'en est pas de même de la biosphère. Une vision techniciste de la biosphère peut justifier la recherche spatiale et des formes de recherches scientifiques très peu souhaitables.
28:31 Pierre Lehmann: il y a un problème de dépérissement de la biosphère. On explique les effets constatés par des éléments qui sont eux-mêmes causés par le dépérissement de la biosphère. On ne comprend pas les systèmes complets à cause de notre approche compartimentée.
31:24 Interruption temporaire de l'enregistrement
31:35 Pierre Lehmann sur le caractère urgent de la situation et sur la nécessité d'agir.
32:35 Question du public.
33:05 Pierre Lehmann expose les indices de la crise climatique. Il indique que le Fonds national de la recherche scientifique ne finance pas les recherches sur la crise climatique.
35:40 Départ de Pierre Lehmann qui a un train à prendre.
35:42 Intervention du public: la science a été beaucoup critiquée ce soir, mais n'a-t-elle pas également des aspects positifs.
36:15 Jacques Grineval: Pierre Lehmann a lui même montré les contradictions de la critique de la science en citant des travaux scientifique à l'appui de la crise climatique.
37:22 Question du public: Est-ce que l'informatique va améliorer ou pas notre vie? Ce n'est pas une question facile à trancher. Comment faire le départ entre les apports positifs de la science et ses apports négatifs?
38:26 Jacques Grinevald: l'informatique, c'est principalement une technique, ça a très peu à voir avec la science.
39:37 Lucile Hanouz: la révolution technique/commerciale vient 25-30 ans après les découvertes scientifiques qui la rendent possible.
41:35 Jacques Grinevald pour comprendre la science actuelle, il ne faut pas oublier de considérer les Pays de l'Est. La manipulation des scientifiques et des faits scientifiques y est frappante.
57:43 Conclusion de la discussion.
58:10 Annonce d'un débat contradictoire sur le livre dans le cadre de l'Institut de la Vie.
58:35 Fin de l'enregistrement.
Grinevald, Jacques