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Date(s)
- 1985 (Creation)
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Un fichier WAV, un fichier MP3. La cassette audio originale a été détruite après numérisation.
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Biographical history
Lucile Hanouz adhère à la CFDT en 1972 et devient secrétaire syndicale de l’Union locale CFDT du Pays de Gex à sa création en 1973, en parallèle de ses activités militantes au sein du Part socialiste unifié (PSU, qui débutent autours de 1967).
En 1974, en parallèle de son emploi à la CFDT, elle est engagée comme secrétaire chargée de la rédaction du bulletin au syndicat international UITA (Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes) jusqu'en juin 1977, date à laquelle elle est licenciée.
En 1979 elle est élue au comité 1979-80 du Syndicat des employés de bureau Fédération chrétienne des employés de la Suisse (FCES), affiliée à la FSCG et à la CRT (pool tertiaire).
Elle quitte son poste à l’UL du Pays de Gex en 1984 et est engagée comme secrétaire syndicale à la FSCG (aujourd’hui SIT) le 1er avril de cette même année. Elle travaille à mi-temps dans l'équipe du tertiaire. L'activité de Lucile Hanouz concerne surtout des sous-secteurs où la dynamique syndicale est faible et le travail individualisé (employé·es de bureau, employé·es administratif de syndicat, ONG, enseignement privé, ambulances, vente non-conventionnées (alimentaire)...) ; ou des sous-secteurs plus dynamiques où son travail consiste à gérer des conventions collectives et à suivre des cas individuels (nettoyage – notamment conflits au CERN –, fleuristes, pharmacies, Syndicat romand des employé·es de la librairie SREL).
En 1989, Lucile Hanouz n’est pas réélue au congrès du SIT. Selon la documentation présente dans le fonds, il semble que le conflit entre elle et son employeur débute autour d'un changement de priorité dans les secteurs à sa charge, dû à la dissolution du syndicat de l'hôtellerie-restauration, charge qui lui revient et qu'elle refuse. S'en suit une longue période de tension entre la direction et certains secteurs qui débouche sur une crise au sein du syndicat, et sur sa non-réélection.
Suite à son départ du SIT, elle crée en 1990 l'association EspaceS avec Pierre Thuillard et Graziella Bezzola. Elle continue à suivre certains dossiers individuels du Syndicat romand des employés du livre (SREL) à travers la CRT romande.
À la fin des années 1990, selon une fiche de l’Office cantonal de la population, elle cumule différents emplois de secrétariat :
- Adecco, secrétaire
- Association Elyma, secrétaire
- La voie lactée, secrétaire-comptable
- Atelier pédagogique & culturel, gestionnaire
Tout au long de sa carrière syndicale, Lucile Hanouz s'engage aux côtés des employé·es du CERN, qu'il s'agisse de défendre les conditions de travail des ouvriers construisant les anneaux ou du personnel en charge de la manutention ou du nettoyage et exposé à la radioactivité.
En parallèle de ses activités syndicales, dès le début des années 1980, elle s’oppose au chantier de l’accélérateur de particule LEP au CERN, de par son action au sein d’associations environnementales (association Echen'vert) ou de groupements de riverains opposés au chantier (LEP Garanties). Elle joue un rôle important dans la convergence des luttes écologistes et des luttes syndicales autour du CERN.
Elle est co-autrice du livre La Quadrature du CERN: essai indisciplinaire paru en 1984 aux éditions d'en bas (aux côtés de Jacques Grinevald, André Gsponer et Pierre Lehmann) ainsi que de la brochure Les ouvriers intérimaires luttent pour la défense de leur emploi, Genève : Comité de soutien aux 10 mécaniciens intérimaires, 1978.
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« Ingénieur physicien, Pierre Lehmann a travaillé pour le nucléaire, puis dans les sondages pétroliers. Son parcours l'a amené à remettre en question les fondements de notre société, et il nous livre dans ce film sa vision percutante sur des thèmes tels que le climat, le développement, le nucléaire ou le pouvoir dans des séquences thématiques de quelques minutes » (tiré de la présentation du film Entretien avec Pierre Lehmann, 2004).
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Scope and content
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00:00 Présentation des personnes: Pierre Lehmann et Jacques Grinevald.
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01:20 Intervention de Pierre Lehmann. Le point de départ de l'écriture du livre était le projet LEP. Est-ce que la science telle que pratiquée aujourd'hui est acceptable? Dans le contexte de l'effondrement de la biosphère, des dépenses telles que celles du CERN sont-elles acceptables? Les clivages sociaux autour d'une science d'élite sont très importants.
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05:10 Intervention de Jacques Grinevald. C'est un livre écrit par quatre auteurs qui ont pris la même part à la rédaction bien que nous venions d'horizons différents. Nous étions réunis par une critique de la science et nous nous sommes intéressés à un cas spécifique, celui du CERN. Ce livre vise à déconstruire le mythe scientiste de la neutralité de la science. G. expose le contexte de création du CERN.
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11:27 Intervention de Lucile Hanouz. Frappée par le côté mythologique de ce qui se disait du CERN au moment où, en tant que syndicaliste, elle a été confrontée aux conditions de travail des gens qui construisaient le deuxième anneau. L'activité syndicale est assez difficile au CERN, de même que dans les organisations internationales en général. Le projet LEP a suscité beaucoup d'interrogations dans le Pays de Gex et finalement, il y a eu une menace de départ du CERN pour faire accepter le LEP.
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16:44 Jacques Grinevald évoque la préface de Robert Jungk (1913-1994) à La Quadrature du CERN. Jungk a lui-même écrit un livre sur le CERN qui allait dans le sens de la mythologie d'une science pure. Jungk a changé sa position sur le CERN et cette préface est une sorte d'autocritique. Denis de Rougemont avait été pressenti pour cette préface, mais il n'envisageait pas de faire publiquement cette autocritique.
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24:26 Question du public à Pierre Lehmann. Comment la science est-elle perçue par ceux qui la pratiquent? Comment peut-on être physicien nucléaire et avoir du recul sur cette pratique scientifique? Critique de l'hégémonie de la science.
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29:50 Suite de la réponse, par Lucile Hanouz: développement d'un exemple.
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33:04 Lucile Hanouz: la pratique scientifique n'est pas a-historique. On ne peut pas séparer totalement ce qui relève de la science et ce qui relève du militantisme par exemple.
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34:22 Question de Pierre Lehmann au public: est-ce que quelqu'un pense ici qu'avec la science on peut tout comprendre?
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35:20 Jacques Grinevald: un partie du travail scientifique actuellement consiste à nier les liens de la science avec le reste de la société et les rapports de pouvoir qui traversent le champ scientifique.
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37:55 Lucile Hanouz répond à la question de la possibilité de maintenir une activité scientifique dans l'institution en ayant une position critique. Elle mentionne la démission d'André Gsponner et souligne qu'il est difficile de tenir dans une institution telle que le CERN en ayant une position critique.
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39:10 Question du public en partie inaudible: quel est notre en tant que scientifiques dans le maintien d'une position critique de l'intérieur? Pouvons-nous seulement faire alliance avec les mouvements sociaux critiques de la science?
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42:52 Pierre Lehmann: C'est une question pertinente, nous vivons dans une contradiction. On ne peut répondre à cette question que de façon individuelle. Je fais les choses que j'estime écologiquement justes de la main gauche. Je diminue mon temps de travail pour pouvoir les faire en dehors et donc je gagne moins que ce que je pourrais gagner. Si j'étais parfaitement cohérent avec mes positions, je vivrais dans un tonneau. Le seul espoir que j'ai et celui que de plus en plus de gens fassent ce chemin de refuser partiellement: refuser de s'assurer, refuser de payer ses impôts. Mais je n'ai pas de méthode.
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47:18 Jacques Grinevald: Ce livre ne pouvait pas se faire dans le cadre universitaire et ne pourrait pas avoir de subvention du Fonds national. On est toujours à la limite: on a écrit ce livre sur nos heures de loisir. Mais par ailleurs, il fallait être universitaire: utiliser des sources, être en contact avec des gens. Nous avons utilisé l'histoire du CERN qui est en train d'être écrite au CERN. Il y a une histoire officielle du CERN. L'université devrait être d'avantage utilisée par les gens: allez dans les cours et les séminaires.
52:12 Lucile Hanouz: j'ai résolu la question de manière un peu différente, je fais n'importe quoi pour gagner ma vie et je fais ça en plus. Je fais ça sur mes heures de loisir. La spécialisation des disciplines académiques empêche les chercheurs de discuter entre eux, d'échanger. D'où l'idée que nous développons dans le livre d'une épistémologie de la complexité.
54:50 Jacques Grinevald: le sous-titre du livre est «un essai indisciplinaire». L'interdisciplinarité même ne nous convenait pas.
55:50 Lucile Hanouz: du côté français, il me semble que nous avons un petit espoir. On nous laisse l'espace de faire des petites choses en bas. Il est possible de faire du travail associatif où les gens peuvent se mettre ensemble et profiter de ce petit espace. Je ne sais pas combien de temps ça durera.
56:48 Intervention du public: fonction des médias et question de la compétence.
58:40 Pierre Lehmann: dans le cadre de travaux sur le biogaz, nous avons eu des contacts très suivis avec des paysans. Nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup à apprendre d'eux et nous avons pu établir des relations d'égal à égal. Ça nous a permis de nous rendre compte qu'il y avait un tas de choses que nous ne comprenions pas. C'est pourquoi je pense qu'il n'est pas nécessaire que tout le monde aille dans les bibliothèques universitaires...
1:00:45 Intervention du public: j'ai de la peine à suivre votre position, car vous semblez faire abstraction des rapports de pouvoir. Avec le bon sens, on est perdants, on est bernés. On se situe dans des rapports de pouvoir. Le bon sens ne suffit pas. Vous tenez une position critique qui n'est pas que du bon sens. Il faut une capacité spécifique pour porter la critique. Votre position dans ce sens-là est dangereuse.
1:02:10 Intervention de Jacques Grinevald.
1:02:50 Pierre Lehmann: je me sens un peu maladroit dans cette affaire, car je ne sais pas où je vais.
Fin du premier enregistrement.